Séance 4 > > Eclairage Théo
Que ton règne vienne…
Un règne déjà accompli en Christ
D’une certaine manière, cette deuxième demande présente un aspect similaire à la précédente. Il est en effet évident que le croyant est incapable d’établir le Royaume de Dieu, si l’on comprend sous ce terme « la vie et le but du monde qui correspondent aux intentions du Créateur », comme le dit Karl Barth (1). Dans cette optique, l’accomplissement du Royaume de Dieu ne concerne que la fin des temps. Mais le théologien nous fait remarquer que celui qui demande à Dieu que « son Règne vienne » se trouve dans une situation où il connaît déjà cette nouveauté, cette justice, cette réconciliation, car elle a été accomplie
en Jésus-Christ. Le Père a déjà réconcilié le monde avec lui en son Fils. Qu’on pense au « Tout est accompli ! » qui résonne sur la croix.
Une réalité à accueillir par la foi
Faut-il alors le demander ? Cela n’est pas contradictoire, car si le « oui » final a déjà été prononcé sur la vie du croyant et sur le monde, lorsqu’il prie le Notre Père, le fidèle demande que cet te réalité soit révélée au monde et que les voiles soient enlevés. Ainsi Calvin (2) affirme que « cette prière doit nous extraire des corruptions du monde qui nous séparent de Dieu, afin que son règne ait sa puissance et sa vigueur en nous. » L’enfant de Dieu le sait, même s’il ne le voit pas encore. Il marche par la foi et non par la vue. La dimension de l’espérance est inscrite au cœur même de cette deuxième requête.
Mais comment cette venue se réalise-t-elle concrètement ? Luther en précise ainsi les conditions (3) : « Lorsque le Père céleste nous donne son Saint-Esprit, afin que, par grâce, nous croyions à sa sainte Parole, et vivions selon Dieu, dans le temps et dans l’éternité. »
Mais le Royaume ne vient pas d’un seul coup. Les Réformateurs étaient bien conscients du caractère progressif de cette venue et Calvin (4) précise que
« C’est que de jour en jour le Seigneur multiplie le nombre de ses fidèles, qu’il augmente de jour en jour ses grâces sur eux jusqu’à ce qu’il les ait du tout remplis, qu’il éclaircisse aussi de plus en plus sa vérité. »
Regarder avec espérance au-delà des faiblesses humaines
Cette dernière citation montre bien que c’est le Seigneur qui fait advenir son Règne. Le croyant n’a pas à le construire lui-même, mais à le recevoir. S’il y participe, ce n’est pas dans le but de se justifier. Le Royaume n’est pas un impératif mais le cadre et la vocation de tout croyant. Prier cette demande l’aide ainsi à lever son regard et à le porter, plein d’espérance, vers l’avenir. Le monde qui « gémit encore dans les douleurs de l’enfantement » (Rom 8.22) n’est pas l’horizon ultime de sa vie.
(1) Karl Barth, La Prière (2) Jean Calvin, Institution de la religion chrétienne (3) Martin Luther, Petit Catéchisme (4) Jean Calvin, Catéchisme de l’Église de Genève
D’une certaine manière, cette deuxième demande présente un aspect similaire à la précédente. Il est en effet évident que le croyant est incapable d’établir le Royaume de Dieu, si l’on comprend sous ce terme « la vie et le but du monde qui correspondent aux intentions du Créateur », comme le dit Karl Barth (1). Dans cette optique, l’accomplissement du Royaume de Dieu ne concerne que la fin des temps. Mais le théologien nous fait remarquer que celui qui demande à Dieu que « son Règne vienne » se trouve dans une situation où il connaît déjà cette nouveauté, cette justice, cette réconciliation, car elle a été accomplie
en Jésus-Christ. Le Père a déjà réconcilié le monde avec lui en son Fils. Qu’on pense au « Tout est accompli ! » qui résonne sur la croix.
Une réalité à accueillir par la foi
Faut-il alors le demander ? Cela n’est pas contradictoire, car si le « oui » final a déjà été prononcé sur la vie du croyant et sur le monde, lorsqu’il prie le Notre Père, le fidèle demande que cet te réalité soit révélée au monde et que les voiles soient enlevés. Ainsi Calvin (2) affirme que « cette prière doit nous extraire des corruptions du monde qui nous séparent de Dieu, afin que son règne ait sa puissance et sa vigueur en nous. » L’enfant de Dieu le sait, même s’il ne le voit pas encore. Il marche par la foi et non par la vue. La dimension de l’espérance est inscrite au cœur même de cette deuxième requête.
Mais comment cette venue se réalise-t-elle concrètement ? Luther en précise ainsi les conditions (3) : « Lorsque le Père céleste nous donne son Saint-Esprit, afin que, par grâce, nous croyions à sa sainte Parole, et vivions selon Dieu, dans le temps et dans l’éternité. »
Mais le Royaume ne vient pas d’un seul coup. Les Réformateurs étaient bien conscients du caractère progressif de cette venue et Calvin (4) précise que
« C’est que de jour en jour le Seigneur multiplie le nombre de ses fidèles, qu’il augmente de jour en jour ses grâces sur eux jusqu’à ce qu’il les ait du tout remplis, qu’il éclaircisse aussi de plus en plus sa vérité. »
Regarder avec espérance au-delà des faiblesses humaines
Cette dernière citation montre bien que c’est le Seigneur qui fait advenir son Règne. Le croyant n’a pas à le construire lui-même, mais à le recevoir. S’il y participe, ce n’est pas dans le but de se justifier. Le Royaume n’est pas un impératif mais le cadre et la vocation de tout croyant. Prier cette demande l’aide ainsi à lever son regard et à le porter, plein d’espérance, vers l’avenir. Le monde qui « gémit encore dans les douleurs de l’enfantement » (Rom 8.22) n’est pas l’horizon ultime de sa vie.
(1) Karl Barth, La Prière (2) Jean Calvin, Institution de la religion chrétienne (3) Martin Luther, Petit Catéchisme (4) Jean Calvin, Catéchisme de l’Église de Genève