Séance 9 > > Eclairage Théo
Car c’est à toi qu’appartiennent le règne,la puissance et la gloire aux siècles des siècles. Amen
Un ajout biblique
La formule finale de glorification, appelée doxologie, ne se trouve pas dans les plus anciens manuscrits. On pourrait alors penser que cet ajout est superflu. On sait cependant que le Notre Père a été récité dès la fin du premier siècle avec une doxologie finale sous une forme légèrement plus courte, que l’on trouve dans un écrit chrétien qui s’appelle La Didachè.
Par ailleurs, une formule similaire existe dans l’Apocalypse (5.13) : « À celui qui est assis sur le trône et à l’agneau, la bénédiction, l’honneur, la gloire et le pouvoir à tout jamais. » L’apôtre Paul lui-même a proposé une doxologie du même style au début de sa lettre aux Galates (1.3-5) : « à vous grâce et paix de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus-Christ, qui s’est livré pour nos péchés, afin de nous arracher à ce monde du mal, conformément à la volonté de Dieu, qui est notre Père. À lui soit la gloire pour les siècles des siècles. Amen. »
Dieu enchâsse notre prière
S’il est probable que cette finale du Notre Père ait été ajoutée ultérieurement, serait-il préférable d’utiliser une version épurée ? Il est vrai que sans cette doxologie la prière dominicale s’arrête de façon abrupte. Pire, elle se conclut par l’évocation du mal, une manière bien sombre de clore une prière par ailleurs adressée à un Père qui nous aime ! Mais faut-il oser mettre un point final à ce qui semblait une prière ouverte ?
À ce sujet, Luther (1) est catégorique : « Dieu nous a montré, très brièvement, tous les besoins susceptibles de nous presser, de telle sorte que nous sommes sans excuse si nous ne prions pas. Mais tout dépend de ce que nous apprenions aussi à ajouter Amen (2), c’est-à-dire : que nous ne doutions pas que, en toute certitude, cela est exaucé et sera fait. […] C’est donc une funeste illusion quand certains prient de telle manière qu’ils n’osent ajouter, du fond du cœur, “oui”, ni conclure, en toute certitude, que Dieu exauce, mais qui restent dans le doute et disent : “Comment aurais-je l’audace de me vanter que mon Dieu exauce ma prière ? Ne suis-je pas un pauvre pécheur ? ”, etc. Cela vient de ce qu’ils ne regardent pas la promesse de Dieu, mais leurs œuvres et leur propre dignité ; par-là, ils méprisent Dieu et le traitent de menteur. »
Regarder au Père
Retenons simplement l’aspect positif de cette dernière formule de louange. Elle enseigne le croyant à élever son regard et son cœur au-delà des contingences quotidiennes pour le porter sur ce Père prompt à l’écouter, et dont il affirme en guise de conclusion le règne, la puissance et la gloire. Le reconnaître, c’est confesser sa foi en un Dieu qui embrasse tous les temps. N’est-ce pas là un point d’orgue majestueux, digne de cette prière magnifique ?
(1) Martin Luther Grand Catéchisme
(2) Pour le mot Amen, voir sur le site, l’annexe sur la signification du Amen.